À peine un papillon est-il né qu'il essaie ses ailes. Son
premier mouvement est celui qui le plonge ivre mort vers l'azur


Réjean Ducharme
L'Avalée des avalés

vendredi 9 juillet 2010

Fugit

Elle vit maintenant en Indonésie.  On a partagé de belles années dans la vingtaine, trois étudiantes en sciences humaines.  Je cumulais des certificats en arts, elle lisait sans relâche tandis que D. essayait de comprendre ses statistiques.  Elle me parle de ses années vécues à l'étranger, me dit son âge et me renvoi le mien au retour du boomerang, comme si je sortais d'un long coma qui durait depuis 1989.  Le réveil, il y a moins de deux heures au coin de la rue St-Laurent où on se croise par hasard, à deux pas de cet appartement immense où nous nous sommes gavées de soupes Ramen et de reggae dance hall.
Je me croyais éternelle, je ne le pense plus.  Le temps ne fige pas, il se glisse derrière nous et nous crèverons un jour dans ses bras, vidées de notre sève, ridées, courbées, meurtries, ignorées.
S'il s'écoule autant d'années avant que je ne la revoie de nouveau, elle me parlera alors de ses petits-enfants. Ça me fait mal là, en plein milieu...

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