À peine un papillon est-il né qu'il essaie ses ailes. Son
premier mouvement est celui qui le plonge ivre mort vers l'azur


Réjean Ducharme
L'Avalée des avalés

mercredi 28 juillet 2010

Gentlewoman cambrioleuse

J'ai un voisin un peu épais. Quand il décide d'aller faire un tour de machine pour un jour ou deux, il vire ses chaises de patio à l'envers.  Le message est tellement clair, c'est à pleurer.
"Venez ici, voleurs, on s'en va..."
C'est parce que moi, sa voisine, je suis une cambrioleuse.  Ai-je besoin d'en rajouter?

Hey man, à soir j'te vole pi demain je pars en vacances....

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lundi 26 juillet 2010

Quatre vérités (6)

1- Bière qui coule amasse la mousse.

2- L'univers insoupçonné de la boîte de carton, c'est la spécialité des enfants et des chats.


3- L'important c'est la rose, crois-moi...

4- Aimer les pommes permet de mieux accepter de s'évanouir.


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samedi 24 juillet 2010

Être fourmi

On ne sait plus ce qu’il faut dire pour parler correctico-poliment.  Jeunes retardés, jeunes arriérés mentaux, jeunes pas fins-fins, c’est ce qu’on aurait dit il y a quelques dizaines d’années,  bien avant de se mettre à marcher en paranoiaques sur les oeufs des aficionados du vocabulaire non préjudiciable.  
Bref, ils étaient une quinzaine de ces jeunes ados “challengés mentalement” à manger leur sandwich au ritalin, assis calmement dans l’herbe sous l’allée des arbres bénis où je vais aussi, à tous les midis,  bouffer mes carottes aux patates.  Les deux éducatrices relaxent, se tiennent légèrement à l’écart en gardant un oeil de louve sur la meute. 
Ces jeunes sont comme plusieurs allumeurs de réverbères, seuls ensemble sur la cinquième planète du Petit Prince, à refaire inlassablement les mêmes mimiques, à se balancer sur une fesse puis sur l’autre.  Deux garçons jouent à un jeu interminable avec un sac à sandwich : le sac à gauche, le sac à droite,  à gauche, à droite, à gauche, à droite.  Ils rient et c’est tout.  Et puis ils recommencent, convaincus à chaque fois qu’il s’agit d’un nouveau jeu qu’ils viennent d’inventer.  Et la magie opère de nouveau.
Je suis contente de les observer.  Je suis seule pour luncher ce midi, chose rare.  Il se forme habituellement un pique-nique de collègues femmes culturelles ou d'hommes technos autour de moi, et là ça parle de bobos, de vacances, d'argent, de BlackBerry, de IPad, de la stagiaire du PDG, des enfants, des conjoints, de vin bu, de livre lu, de spectacle vu, de potin su.  Cette semaine,  faut croire qu’ils sont tous partis brûler des marshmallows au bout d’une branche dans un SEPAQ .    
Un jeune garcon, Jaco, s’affaire à observer de très près les fourmis qui grimpent le long du tronc d’arbre.  Il en choisi une et la suit jusqu’à ce qu’elle atteigne la jonction où il tentera de la nourrir avec les miettes qu’il pige à tâtons dans un Ziploc, ne quittant surtout pas des yeux la parade .  Mais les fourmis sont rapides et elles sont toutes pareilles, cintrées au cou et à la taille comme des marquises au temps de Louis XIV.  Son oeil perd de vue l’heureuse élue dès que Jaco passe de la position accroupie à debout.  Alors il revient à la base du tronc d’arbre et recommence.  Rien ne pourrait le décourager.  Il est totalement dans le moment.  Il recommence des dizaines de fois et décide enfin de ne plus les suivre à partir du sol mais de rester debout, face à la jonction avec la première branche, et de les attendre là.  L’idée est excellente.  Je l’applaudi à tout rompre,  dans ma tête. Il dépose des miettes et, en moins de deux, son plan est une réussite.  Elles arrêtent de courir partout comme des poules étêtées et se mettent à grignoter le lunch, gracieuseté de Jaco.  Il est content de son coup et ça se voit,  mais en tant que scientifique rigoureux,  il reste stoïque et dubitatif.  Un bon travail n'est jamais terminé,  il a d’autres observations à faire.
Et puis là,  sous mes yeux, l’incroyable chorégraphie de sa métamorphose s’ammorce.  Jaco devient les fourmis.  La cambrure de son corps change, ses mains deviennent des pattes et il n'est plus Jaco ni un autre, il est fourmi.  Je ne vous décrirai rien de tout ça.  Voyez vous-même un petit garcon sur sa cinquième planète qui effleure gracieusement son front du revers de ses mains et qui amène ensuite une miette de pain dans son bec.

Je suis éblouie.  Personne d’autre que moi ne le regarde.  Je suis le témoin privilégié.  Les éducatrices n’ont rien vu .  C’est pourtant la beauté pure qui vient d’apparaître.

-Jaco, on ramasse et on rentre.  Viens t’en mon grand.  

“Madame l’éducatrice, ce n’est pas à Jaco que vous parlez mais à un des plus grands interprètes de la vie.  Le saviez-vous?”


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mercredi 21 juillet 2010

Quatre vérités + une (5)


1- Les automobilistes pensent que les grosses lignes jaunes aux intersections c’est un code barre décoratif.

2- Les pakistanais = une peau de black, des cheveux et des traits de blanc, une moustache, des pantalons en fortrel : je m'excuse mais on dirait que quelque chose n'a pas fonctionné lors de la création (je vous aime pareil monsieur Patel parce que vous vendez plein de sortes de bières et que vous avez enfin appris à dire bonjour en français après 20 ans).

3- Savoir pisser debout est fondamental lorsqu’il s’agit d’argumenter.

4- BluTooth toute la journée à l'oreille, fried brown brain au réveil.

5- Le concept des quatre vérités: souvent imité, jamais égalé !

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lundi 19 juillet 2010

Épouser toutes les causes

Un autre affaire qui me purge.  Ils sont trois ou quatre sur le coin d'une rue avec leur veste de brigadier, leur cartable, leur look écolo-baba et, les bras ouverts comme le Christ sur sa croix, ils te bloquent le chemin en te demandant comment ça va aujourd'hui?
-Ça va très bien mais ton enthousiasme exacerbé me terrifie, jeune homme.  Tasse-toi, m'en va payer $4.00 pour un café au Second Cup....
Connaissez-vous la Croix-Rouge, le journal l'Itinéraire, Médecins du monde, Greenpeace, le journal Alternatives?
Grrrrrrrrrrrrrrr et Arghhhhhhhhh
Les causes ont beau être humanitaires, environnementales, sociales, je n'aime pas qu'on me harcèle en sonnant à ma porte (Greenpeace), en m'appelant au téléphone (tous) ou en me bloquant le passage sur le trottoir pendant ma pause de 15 minutes au coin de l'UQAM (Médecins du monde).
Est-ce que l'intimidation est vraiment devenu l'ultime façon de faire?

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mercredi 14 juillet 2010

Tourisme

C'est sûrement parce qu'il y a tout plein de choses à faire,  qu'il y a un bureau de tourisme à Moose Jaw.  M'en va là, cibole...


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De l'anti-Ismâlisme

L'Assemblée nationale française a adoptée mardi, en première lecture, le projet de loi qui interdit le port du voile intégral (burqa) dans l'espace public.
L'article 1 de ce projet de loi stipule que "nul ne peut, dans l'espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage ".


Tiens, ça m'inspire.  Pour rétablir l'équilibre, je pars une nouvelle religion et j'ai nommé l'anti-Ismâlisme.  Le mâle couvert des pieds à la tête suivra comme un tit-chien-chien sa femme en jupe courte, les cheveux au vent et le décolleté plongeant.  Les préceptes de l'anti-Ismâl interdisent aux hommes de s'adresser directement à des femmes.  L'épouse devra servir d'interprète pendant que ce dernier regardera par terre en faisant une gueule de martyr maboul.  L'épouse sort régulièrement dans des bars, fume du hash, mâche du khat et drague un nombre max de queues par soir après quoi elle entre à la maison pour foutre une râclée au bonhomme qui a osé aller se coucher sans faire la vaisselle.
L'homme répétera à qui mieux mieux "mais c'est mon choix, c'est moi qui veut me couvrir des pieds à la tête par respect pour Mouàmettre, notre chef religieux"


etc...


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mardi 13 juillet 2010

L’araignée de Patrice Desbiens







Spontanément, mon index s’est approché de la pauvre victime innocente qui marchait sur le reflet de mon nez, dans le miroir.  Plouche. Écrapou.  « Bien fait pour toi, t’avais juste à pas te trouver là ». 
Et puis, prise de remords, je me suis interrogée sur ce geste.  En quoi la pauvre petite bête d’un millionième de millimètre peut présenter une telle menace que je doive à tout prix l’exterminer, du haut de ma toute puissance?   
Pi v'là un poème de Patrice Desbiens pour célébrer ma bêtise :

L’Araignée

Sans y penser
j’écrase une araignée
près du panier
de linge.

L’âme de l’araignée
monte dans ma jambe
et
meurt sur mon cœur.

Il va pleuvoir sur
ma parade.


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dimanche 11 juillet 2010

Un klaxon suivi d'un cri d'humain et d'un chant *

1- Le klaxon : Beep beep !
2- Le cri humain : Espana !
3- Le chant : Olé! Olé, Olé, Olé! Olé! Olé!

Maintenant, tous ensemble, toute la soirée :

Beep beep !
Espana !
Olé! Olé, Olé, Olé! Olé! Olé!

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* post dédié à James Vieucrisse, blogueur émérite fou de la langue espagnole

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Faire simple

Les réseaux virtuels de rencontre sont assez révélateurs et peuvent servir à faire un portrait statistique totalement non-scientifique de l'homo quebecensis qui recherche l'âme soeur.  Ainsi donc, chez Réseau Contact, les membres 154998, 862888, 456272, 999282, 638967, 528916, 789911, 112189, 632111, 226335, 886366, 435668, 443553, 444439,  725552, 256155, 553527, 363636, 888222, 826662, 524271, 727199, 527188, 789711, 671881, 568151, 729383, 782099, 273233, 736453, 211111, 190190, 216543, 272771, 171162, 342561, 522324, 426211, 215225, 123122, 142422, 378878, 260000, 072876, 891626, 171117,  sont "une personne simple qui aime les choses simples..."
Ça fait quand même beaucoup de simples qui ne devraient pas être originaires du Saguenay, car c'est là où, en principe, on fait pas simple...
Plus précisément, 37801 hommes inscrits sur RC ont visité le site dans les 30 derniers jours.  De ce nombre, 10491 ont écrit le mot "simple" dans leur texte de présentation.  2755 se sont décrits comme "homme simple", 4486 comme "personne simple", 5058 comme "pas compliqué", 6061 "ont de l'humour", 395 sont "épicuriens", 732 ont un "passé réglé".
Attention, seulement dix hommes précisent qu'ils aiment faire l'amour dont quatre se présentent avec une photo d'eux en bedaine (ouhhhhhhhhh...!!!!).  Un de ces six-packers, précise qu'il "aime faire l'amour à une femme qui fume une cigarette en même temps qu'elle baise avec moi".  Je n'invente rien... et il porte une moustache.  Quand même, attention au feu mon Pedro de Boisbriand, un accident est si vite arrivé.

Ouin ben mesdames, si c'est représentatif de l'inventaire d'hommes célibataires invendus qui restent sur les tablettes du Québec, y'a pas de quoi se réjouir.  Ne tardons pas trop à considérer nos autres options, dont l'exil.


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samedi 10 juillet 2010

Jacob, oh Jacob!!!!

«Regarde la soirée des Jutra. C’est blanc! C’est francophone! C’est ça le Québec? Si tu es un jeune Haïtien de Montréal, est-ce que tu vois une place pour toi là-dedans? C’est qui nos vedettes? Luc Picard? Penses-tu que les jeunes Haïtiens de Montréal se reconnaissent dans Luc Picard? Pas du tout. Ça ne fait pas partie de leur monde, de leur univers. Ils ne sont pas représentés.»

Jacob Tierney, tu m'exaspères...Sérieusement, grow up my friend!!!  Tu racontes quoi au juste?  Les jeunes Haïtiens ne se reconnaissent pas dans Luc Picard?  Comment se fait-il que moi, blanche québécoise de souche indépendantiste et presque bilingue (parce que à 20 ans j'ai eu envie d'apprendre l'anglais, contrairement à plusieurs de tes petits friends anglos) je peux me reconnaître dans un RÔLE que joue Morgan Freeman, homme+noir+américain...???  Tu présumes donc que les jeunes haïtiens ne sauraient pas apprécier un RÔLE magistralement joué par Luc Picard pour la seule raison que ce RÔLE n'est pas incarné par Luck Mervil?  C'est être bien méprisant envers les jeunes haïtiens, Jacob... Tu les prend pour des demeurés ou quoi?  Ts,ts,ts...
Décidément,  la famille juive de Hamstead transmettra ses mêmes câlisse de préjugés de génération en génération.  On ne s'en sortira jamais...

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vendredi 9 juillet 2010

Fugit

Elle vit maintenant en Indonésie.  On a partagé de belles années dans la vingtaine, trois étudiantes en sciences humaines.  Je cumulais des certificats en arts, elle lisait sans relâche tandis que D. essayait de comprendre ses statistiques.  Elle me parle de ses années vécues à l'étranger, me dit son âge et me renvoi le mien au retour du boomerang, comme si je sortais d'un long coma qui durait depuis 1989.  Le réveil, il y a moins de deux heures au coin de la rue St-Laurent où on se croise par hasard, à deux pas de cet appartement immense où nous nous sommes gavées de soupes Ramen et de reggae dance hall.
Je me croyais éternelle, je ne le pense plus.  Le temps ne fige pas, il se glisse derrière nous et nous crèverons un jour dans ses bras, vidées de notre sève, ridées, courbées, meurtries, ignorées.
S'il s'écoule autant d'années avant que je ne la revoie de nouveau, elle me parlera alors de ses petits-enfants. Ça me fait mal là, en plein milieu...

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mercredi 7 juillet 2010

Tout est parfait

À tous les ans depuis les 5-6 dernières, je note LE jour en juillet où j'ai entendu chanter la cigale pour la première fois.  Alors voilà, cette année c'était coin Bélanger et des Érables lundi le 5 juillet 2010.  Je crois bien que c'est un record.  Généralement c'est plutôt vers la mi-juillet mais là, sérieusement, ça ne me tente pas d'aller fouiller dans ma paperasse, ça me fait suer.  Je reste plutôt affalée confortablement sur mon balcon à écrire ceci en regardant les jolis petits nuages décoratifs dans le ciel.  Ils sont roses, probablement parce qu'ils ont chauds eux aussi.
On est tu assez ben, bordel de merde?
L'impression que tout est parfait.

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mardi 6 juillet 2010

Blogville

La blogosphère et les réseaux sociaux c'est semblable à une rue de Pointe Saint-Charles en 2010 ou à toutes les rues d'un village dans les années 60/70.  Tout le monde est sur le balcon après souper pi les commères tchèquent qui c'est qui vient de sortir d'une porte ou d'entrer dans une autre, en tendant bien l'oreille pour entendre quessé que Ti-Clin va dire à Ti-Cass en passant...Autres temps, mêmes moeurs.

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lundi 5 juillet 2010

Quatre vérités (4) - à propos des piscines publiques


1- Il faut enfiler un costume de bain (c'est chiant d'acheter ça, tabarnix)


2- Y'en a encore qui font ça, pisser dans la piscine?

3- Le coeur me lève quand je vois un kleenex tout trempe qui traîne à côté du drain des douches "obligatoires"...

4- ...et tant qu'à prendre une douche obligatoire, je vais rester chez nous ( il faut se mouiller d'eau avant de sauter dans l'eau ?!?)


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dimanche 4 juillet 2010

Résolutions du 1er juillet. Ça commence maintenant!! (en retard)

Prendre des résolutions le 1er janvier, c'est totalement ridicule.  Ridicule parce qu’en janvier on est tous endettés et dépressifs d’avoir acheter autant de cadeaux,  on n’en peut plus de se désinfecter les doigts au Purell cent fois par jour, nos bottes faites en Chine prennent l’eau,  on pelette comme des damnés pour sortir la bagnole du trou,  on est encore plus laids sous les néons du métro, on regarde dehors la neige blanche qui devient grise sale dès qu’elle se pose au sol, on reçoit les formulaires d’impôts, nos cheveux sont pleins de statique, on saigne du nez pi on a pas de patins.  Comment prendre la résolution de maigrir,  de lever des poids,  d’arrêter de fumer ou d’entrer chez les alcooliques anonymes dans de telles conditions?  Il faut aimer se faire mal en chien…
En juillet, tout va si bien, il fait beau, il fait chaud, pas de manteau, pas de bottes, on marche la tête en l’air, on dort tout nu pas de couverte, on marche pieds nus sur le plancher de bois,  le compte d’Hydro est moins élevé, la bière est bonne, la sangria est bonne, le vin blanc est bon,  les fraises ne sont pas boostées en Californie et les légumes pour faire la gazpacho sont cultivés chez nous .  Tout est facile.  Il est donc logique de prendre des résolutions à la mi-temps de l’année lorsqu’on est presque des imbéciles heureux. 

Ceci étant dit, je n’ai aucunement l'intention d'en prendre, je viens vous faire la suggestion car je sais que vous êtes des gens pleins de bonnes intentions à votre égard.  J'ai pris il y a longtemps la décision de me vautrer dans l'interdit, le politiquement incorrect, la graisse pondérale, l'alcool, la drogue et les gras trans.  Avouez que je suis quand même généreuse et attentionnée de penser à votre bien-être à ce point, non?   

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vendredi 2 juillet 2010

Je m'expose (1)


Ceci est mon bras gauche.

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